ULe Conservateurn constat historique

L’histoire récente force à admettre que les investissements financiers peuvent être d’une grande volatilité. Prenons pour exemple les 15 années passées. Depuis 1998, les crises se succèdent en vagues régulières :

  • 1998 : crise des pays émergents ;
  • 2000/2001 : bulle internet et attentats du 11 septembre 2001 ;
  • 2008 : crise bancaire et faillite de Lehman Brothers ;
  • 2011 : crise de la dette en zone Euro.

Cette succession de crises financières a fortement pénalisé la performance des marchés boursiers. En conséquent, les 15 dernières années sont les moins rentables depuis le début de la décennie 1960 et la création des principaux indices boursiers européens. En effet, jamais depuis 1960, une période de 15 ans n’a été marquée par une performance négative sur l’indice boursier français.

Pour autant et même si les investissements actions connaissent une performance négative sur ces 15 dernières années, la période n’a pas été exempt de performances positives sur d’autres classes d’actifs. En effet les obligations, les matières premières et les métaux précieux, par exemple, ont connus des évolutions extrêmement positives sur la même période.

« Ainsi, sur la période la plus défavorable depuis un demi-siècle, un portefeuille d’investissement diversifié entre actions et obligations serait bénéficiaire. »

Que déduire de ce constat ? Deux principes élémentaires mais trop souvent oubliés :

  • la diversification des placements est l’une des clés de la performance (l’adage populaire « on ne met pas tous ses œufs dans le même panier » est frappé sous le coin du bon sens),
  • investir sur la durée est la meilleure des protections contre les aléas financiers.

Entreprises et long terme

De manière caricaturale mais pourtant très réaliste, les intérêts des investisseurs et des entreprises ou des États sont étonnamment alignés sur ce point : plus on a de temps devant soi pour investir, plus importants seront les fruits de ces investissements.

En effet, les entrepreneurs et les chefs d’entreprises qui créent une société ou investissent dans un projet attendent rarement un retour sur investissement immédiat. La rentabilité d’un investissement industriel se construit dans le temps, de même que des investissements dans la recherche ou dans les services. Pourquoi alors attendre une rentabilité immédiate lorsque l’on détient des actions ou des titres émis par ces entreprises qui investissent ?

Le paradoxe a été très puissant dans la période passée où l’on exigeait des entreprises une rentabilité immédiate au détriment des investissements de long terme bénéfiques pour la croissance et les bénéfices futurs.

À l’identique du constat financier précédent, les investissements réalisés par les États sont de manière évidente des investissements sur le long terme. Les grands travaux d’infrastructure par exemple sont des investissements qui peuvent mettre 30 ans à devenir rentables (une autoroute par exemple). Toutefois, nul ne pourra dire que ces investissements sont utiles pour l’économie et globalement rentables pour les investisseurs.

Les bénéfices du temps

Pour les investisseurs justement, le simple passage du temps permet d’engranger progressivement les fruits des placements par le réinvestissement naturel des dividendes des actions et des coupons des obligations. En effet, réinvestie sur les marchés financiers, cette rentabilité génère également des fruits et sert naturellement « d’amortisseur » en cas de correction sur les marchés financiers.

Ces effets sont cumulatifs quand l’horizon de placement s’accroît : plus l’horizon est long, plus l’effet « boule de neige » sera important.

De manière identique, il est plus aisé pour les gestionnaires financiers de gérer les placements sur le long terme en investissant sur des actifs plus rémunérateurs, au détriment des placements de court terme dont le risque est limité mais dont la rentabilité est actuellement proche de 0%. C’est pour cela que les investissements bénéficiant d’une durée longue et fixe pour faire fructifier l’épargne (comme les Tontines par exemple) sont statistiquement plus rémunérateurs que les investissements dont l’horizon de placement est incertain et, par conséquent, pour lesquels les gestionnaires doivent conserver en permanence une part de liquidités.

CE QU’IL FAUT RETENIR

En synthèse, et malgré la récente période financière agitée, il est nécessaire
de rappeler qu’investir sur la durée est globalement un pari gagnant.
Les investissements de long terme sont, en effet, ceux qui permettent de « gommer » les soubresauts de marché et qui, de plus, génèrent une rentabilité supérieure
tout en étant utile pour l’économie et les entreprises.

 

Auteur : Thibaut Cossenet, Directeur de la gestion financière du Groupe Le Conservateur